Louvre Abu Dhabi
Louvre Abu Dhabi
ARCHITECTE:Jean Nouvel
ANNÉE:2017
EMPLACEMENT:Abou Dabi, Émirats arabes unis
C’est un projet basé sur un signe majeur de l’architecture arabe : la coupole. Mais ici la coupole est une proposition moderne par le décalage qu’elle affiche avec la tradition.
Double coupole de 180 mètres de diamètre, plate, géométrie radiante parfaite, perforée dans une matière tissée plus aléatoire, créant une ombre ponctuée d’éclats de soleil. La coupole luit sous le soleil d’Abou Dhabi. La nuit, le paysage protégé est une oasis de lumière sous un dôme constellé.
Le Louvre Abou Dhabi devient ainsi le but d’une promenade urbaine, jardin sur la côte, havre de fraîcheur, abri de lumière le jour et le soir, son esthétique se veut en accord avec sa fonction de sanctuaire des œuvres d’art les plus précieuses.
Espaces
Dans un pays où le soleil est implacable et où il ne pleut que rarement, Nouvel a apporté la pluie. Non pas l’averse rafraîchissante, mais une pluie de lumière distillée à travers ce dôme aux motifs étoilés. “La pluie de lumière est d’abord un souvenir, remarque-t-il, le souvenir d’un arbre, palmier ou autre, sous lequel on se retrouve, et qui, lorsque le soleil passe à travers les feuilles, dessine des quantités de points lumineux sur le sol.” Mais ici, l’évocation est différente : “C’est une ombrelle sur une petite ville, et les rais de lumière qui passent au travers génèrent une multitude de taches de lumière sur le sol et sur les murs.” Le soleil est comme un immense projecteur qui tourne autour du réceptacle que constitue ce dôme. À un instant T, un rai de lumière sera bloqué par l’une des couches, puis, l’instant suivant, il la traversera. Si l’on reste ne serait-ce que deux ou trois minutes, on verra les taches lumineuses se réduire ou s’agrandir, apparaître et disparaître. Elles changeront perpétuellement, y compris en fonction de l’heure ou de la saison. “Ce principe de variation de la lumière naturelle crée une cinétique que l’on a appelée ‘pluie de lumière’. L’effet est époustouflant. J’ai voulu que cette ombrelle soit aussi un signe de spiritualité, ajoute l’architecte, qu’elle se lise comme une relation métaphysique avec le ciel. Ce dôme est aussi le symbole de la cosmographie, de l’universalité.” Comme un rappel de ces bédouins dans le désert qui, la nuit tombée, admirent la voûte céleste et cherchent la signification des étoiles.
“Ce travail pointu sur l’ombre et la lumière est probablement la caractéristique la plus frappante de ce musée”, résume Jean Nouvel. Elle n’est pas la seule car l’“architecte contextuel” a fait feu de tout bois. “On parle souvent de durabilité, et on peste contre des objets parachutés que l’on pourrait retrouver n’importe où ailleurs… or ce que produit parfois l’architecture contemporaine est complètement paradoxal. Ici, au contraire, on use de tous les éléments que le lieu nous donne et qui forgent son identité, non pas pour faire un pastiche de l’architecture arabe, mais pour créer un projet contemporain qui soit ancré dans l’histoire du pays. On se sert de l’eau du golfe Persique et de la brise marine qui rafraîchit. On se sert de la nature et de la lumière, des composantes culturelles et historiques. Sans doute est-ce ce que l’on appelle aussi le génie du lieu.” Cela explique également pourquoi le bâtiment joue autant avec la mer. Même la marée ne se fait pas prier pour imprimer son habituelle ligne d’algues vertes sur les cubes blancs. “Ce projet est un microclimat, estime Jean Nouvel : il se sert de la mer et cherche à créer une interface optimale pour la faire circuler entre les bâtiments. Cela le fait ressembler à Venise ou à une ville du Nord comme Bruges. Finalement, il est comme un fragment de cité sur l’eau, mais un fragment de cité protégé par une ombrelle. Ainsi, une série d’espaces pourront être utilisés facilement, même par jour d’extrême chaleur, comme une promenade dans le prolongement de la ville.” Sous la coupole, la température est, paraît-il, moindre de trois ou quatre degrés par rapport à celle de l’extérieur au soleil : “Je ne voulais pas d’un musée qui soit un bâtiment complètement hermétique comme un coffre-fort, explique l’architecte, je voulais qu’il soit ouvert et agréable à vivre, avec une zone extérieure dans laquelle les gens puissent se balader de manière confortable, et ce malgré les contraintes climatiques.” Confort ultime : l’accès sera même possible par bateau. (source).
Plans
"Tous les climats comme des exceptions. Plus chaud quand il fait froid. Plus froid sous les tropiques. Les gens ne résistent pas bien au choc thermique. Ni les œuvres d'art. De telles observations élémentaires ont influencé Louvre Abu Dhabi . Il souhaite créer un monde accueillant alliant sereinement ombre et lumière, réflexion et calme. Il veut appartenir à un pays, à son histoire, à sa géographie sans devenir une traduction plate, le pléonasme qui se traduit par l'ennui et la convention. Il vise également à souligner la fascination générée par des rencontres rares.
Photos
Photos de construction
Après 5 mois de chantier et la pose de 4 536 pieux, l'entreprise allemande Bauer International a terminé fin août 2010 les travaux de fondation du musée. Le cabinet britannique d'ingénierie Buro Happold a veillé à l'étanchéité, le musée étant construit sur une île.
Un vaste dôme de 180 mètres de diamètre couvre la majorité de la ville-musée et est visible depuis la mer, les environs et la ville d' Abu Dhabi . Ce dôme a été construit par la société autrichienne Waagner Biro, spécialisée dans les structures en acier. Le dôme se compose de huit couches différentes: quatre couches extérieures revêtues d'acier inoxydable et quatre couches intérieures revêtues d'aluminium séparées par un cadre en acier de cinq mètres de haut. Le châssis est constitué de 10 000 composants structurels pré-assemblés en 85 éléments super dimensionnés, pesant chacun jusqu'à 50 tonnes.
Vues d'extérieur
Le motif complexe du dôme est le résultat d'un dessin géométrique très étudié. Il s'agissait d'une collaboration étroite entre l'équipe de conception architecturale des Ateliers Jean Nouvel et les ingénieurs en structure de BuroHappold Engineering. Le motif est répété à différentes tailles et angles dans les huit couches superposées. Chaque rayon de lumière doit pénétrer les huit couches avant d'apparaître puis de disparaître. Le résultat est un effet cinématique au fur et à mesure que le chemin du soleil progresse tout au long de la journée. La nuit, il forme 7 850 étoiles visibles de l'intérieur et de l'extérieur. Baptisé «pluie de lumière», cet effet a fait l'objet de nombreux modèles et maquettes au fil des ans et constitue l'une des caractéristiques déterminantes du concept.
Vues d'intérieur
Le plafond de ce gigantesque musée est construit de 7850 petites étoiles. L'objectif de l'architecte français étant de donner l'impression aux visiteurs de déambuler dans les allées ombragées d'un souk ou d'une palmeraie.
Les espaces d’exposition s’étendent sur une surface totale de 8 600 m2. Certaines salles bénéficient d’un éclairage naturel zénithal, d’autres pas. Entre chacune d’elles, des galeries offrent une multitude de cadrages sur l’extérieur, parfois à travers des moucharabiehs en métal. Peu après l’entrée, le visiteur distingue pour la première fois, grâce à une ouverture dans le plafond, un fragment de l’intrigant dôme. Mais ce n’est qu’après avoir pénétré dans la première salle d’exposition qu’il se retrouve sous ladite coupole. Un choc ! Déployée à 29 mètres de hauteur
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